Archive d’étiquettes pour : indemnisation

En tant qu’avocate de victimes, il me parait indispensable de répondre aux questions récurrentes que se posent mes clients victimes. Les victimes, dites « parties civiles » avant le jugement, ont de grandes difficultés, légitimes, à cerner leur place dans le procès pénal.

Un rappel de la procédure s’impose:

 La victime a la possibilité de participer au déclenchement du procès pénal (par le dépôt d’une plainte notamment), la victime peut exercer l’action civile devant les juridictions pénales et peut donc se constituer partie civile.

 Elle est convoquée à l’audience de jugement et peut s’y rendre en personne ou être représentée par son avocat.

A l’audience, elle peut s’exprimer sur l’infraction, décrire ses dommages et notamment son préjudice moral. Elle peut présenter une demande indemnitaire en vue d’une réparation intégrale de son préjudice et une demande pour remboursement des honoraires d’avocat.

Par contre, la victime ne peut réclamer telle ou telle peine, ou durée de peine. Cette charge revient au Procureur qui représente les intérêts de la société.

La victime est ensuite indemnisée soit par le coupable/responsable soit par un fonds de garantie des victimes qui obtiendra ensuite remboursement par l’auteur de l’infraction.

Par la suite, la victime peut être contactée par le service de probation et d’insertion afin de déterminer dans quelle mesure elle a été indemnisée. La victime n’a pas la possibilité d’intervenir sur les décisions relatives aux aménagements de peine de la personne condamnée. Cette carence procédurale est particulièrement douloureuse pour les victimes, notamment de viol ou violences conjugales.

Le principe est que la réparation doit  intervenir par le versement d’une indemnité et par l’intervention à l’audience de jugement.

Il n’est pas aisé de déterminer la somme à réclamer pour indemnisation. Cela demande une formation spécifique en la matière et une grande expérience des tribunaux.

Un avocat de victimes doit s’efforcer d’être « la voix » de son client, d’exprimer au mieux la souffrance de la victime devant le juge et le prévenu.

L’intervention de l’avocat de victimes est, sans aucun doute, particulièrement utile. Cette intervention est essentielle au processus difficile de réparation.

Par arrêt du 02/04/2014, la Cour de cassation a affirmé que, dès lors que le salarié a travaillé dans l’un des établissements inscrits sur la liste relative aux entreprises ayant fabriqué ou traité de l’amiante, il peut prétendre à l’indemnisation de son préjudice d’anxiété.

L’indemnisation du préjudice d’anxiété est de droit, due à tout salarié visé par la loi de 1998 qui demande réparation, sans avoir à rapporter la preuve du préjudice.

En France, le montant des dommages et intérêts est destiné à réparer le préjudice subi et uniquement le préjudice subi. Il s’agit du principe de la réparation intégrale qui établit une stricte équivalence entre le montant des dommages et intérêts et la réparation du préjudice.

Aux Etats-Unis, il est possible d’octroyer des dommages et intérêts qui réparent le préjudice mais également qui sanctionnent la faute. Ce type de dommages est plus connu sous le nom de dommages et intérêts punitifs.

En droit américain, aucun montant maximum n’est fixé pour l’octroi de dommages et intérêts punitifs. Cependant, à la suite de certains arrêts qui accordaient des sommes souvent jugées excessives, la Cour Suprême a rendu plusieurs jugements limitant l’octroi de tels sommes.

Il apparaît que les sommes très importantes allouées au titre de dommages et intérêts ne pouvaient être versées car les dommages ne pouvaient être assurés.

En l’absence d’assurance et de bonne exécution, le système n’est plus efficace.

Il est peu probable que le système français s’aligne prochainement sur le système américain.

Les victimes ne doivent donc pas penser pouvoir obtenir des indemnités telles qu’annoncées dans les séries télévisées américaines.

La détermination du montant des dommages et intérêts est un processus complexe qui nécessite l’intervention d’un avocat compétent en la matière.